vendredi 23 mai 2014

Brésil : "nettoyage social" avant la Coupe du Monde... Não vai ter Copa !


Qu'ont en commun la plupart des pays du monde?... La violence policière. Et visiblement, les brésiliens n'ont rien à envier aux américains. Fawkes
bras3Dans un peu plus de trois semaines sera donné le coup d'envoi du premier match de la Coupe du Monde 2014 de football au Brésil. Pendant que les merdias nous jouent leur traditionnel numéro de suspense sur l'air de "tout sera-t-il vraiment prêt ?" (alors que tout le monde sait pertinemment que ça le sera), des évènements beaucoup moins "montrables" se déroulent loin de l’œil des caméras. Car la réalité, c'est que cet évènement tant attendu dans le pays à la fois le plus titré de la compétition et "phare" du "Sud émergent" (bien qu'en sérieux ralentissement avec seulement 2,3% de croissance en 2013 et 1% en 2012 contre 7,5% en 2010) donne lieu depuis plus d'un an à une véritable GUERRE CONTRE LE PEUPLE.

Afin d'offrir un pays "présentable" aux millions de supporters qui afflueront du monde entier, l'État comme les forces du Capital privé ("armées" privées et groupes para-policiers frappant la nuit au service de qui les paye font partie du paysage là-bas) ont déchaîné une effroyable campagne de bras1"nettoyage social" contre les classes populaires misérables (extrême pauvreté), qui représentent quelques 17 millions de personnes (8,5% de la population). Une campagne consistant notamment en des meurtres de SDF, dont la presse progressiste se faisait déjà l'écho il y a un an :
On parlait alors déjà de plusieurs centaines de morts, souvent brûlés vifs (!) par des groupes "non-identifiés"... La politique de "nettoyage social" s'est évidemment poursuivie depuis, sauf que désormais... les miséreux se rebiffent ("cette grande humanité s'est levée et a dit ¡Basta!", proclamait le Che voilà déjà 50 ans à la tribune des Nations Unies) :
bras2Le gouvernement a aussi lancé une campagne de "pacification" des favelas, qui rencontre là aussi la résistance du Peuple :
Encore plus édifiant est cet article en anglais, évoquant notamment l'implication de compagnies militaires privées comme la sinistre Blackwater (pour ceux et celles qui ne comprennent pas l'anglais, les nombreuses images sont déjà édifiantes) : http://revolution-news.com/blackwater-trains-killer-police-fifas-war-poor-brazil/
En substance : le gouvernement prévoit de déployer plus de 170.000 hommes pour écraser toute protestation pendant la Coupe, dont 57.000 militaires (la sinistre Policia Militar - PM), certains d'entre eux ayant reçu une formation par des compagnies militaires privées ; les assassinats policiers sont quasi-quotidiens dans les favelas (5 jeunes hommes et une femme qui tentait de protéger son fils de 10 ans rien que dans les 10 derniers jours d'avril...) et la résistance permanente et semi-insurrectionnelle ; une nouvelle loi permet de punir les protestataires de peines allant de 12 ans (en cas de dommages matériels) à 30 ans de prison (si quelqu'un est tué... peu importe par qui), etc. etc.
massacre favela
Des mobilisations a peu à peu émergé un slogan devenu récurrent : "Não vai ter Copa !" ; "la Coupe du Monde n'aura pas lieu !".
Le Brésil est un pays semi-colonial ("dépendant", "soumis" au Capital impérialiste du "Nord") etsemi-féodal ("problème de la terre" dont nous avons parlé en fin d'année dernière) dans lequel un phénomène "émergentiste" (depuis les années 1990) a amené au pouvoir en 2002 une aile "gauche" (social-libérale) modernisatrice de l'oligarchie bureaucratique-compradore (classe dominante dans ces pays-là), utilisant comme personnel politique le Parti des Travailleurs (PT) formé d'anciens syndicalistes réformistes (persécutés pendant la dictature militaire de 1964-85, mais il n'y avait pas besoin d'être particulièrement radical pour cela) voire, comme l'actuelle présidente Dilma Rousseff, d'anciens guérilleros révolutionnaires reconvertis avec l'âge dans la social-démocratie. Cette fraction modernisatrice s'est liée en particulier avec l'impérialisme européen, notamment français, afin de contrebalancer la "traditionnelle" domination US qui a succédé à la vieille prééminence britannique depuis la dictature, après les expériences nationalistes et (déjà) modernisatrices des années 1940-50 (Vargas, Kubitschek, Goulart). Elle a également développé au niveau continental une sorte de "sous-impérialisme" appuyé sur des "semi-monopoles", encourageant notamment (dans la limite de ses intérêts bien sûr) lesexpériences nationalistes et réformistes "radicales" de Chavez & co. Pour autant, la structure profonde de l'ordre social est restée absolument inchangée : des escadrons de la mort sévissent comme aux plus "beaux" jours de la dictature, et Dilma Rousseff promet... "des mesures" contre ces pratiques. Des camarades maoïstes luttent là-bas au quotidien, notamment au sein du CEBRASPO (Centre brésilien de Solidarité avec les Peuples). Voici leur analyse de la réalité semi-coloniale semi-féodale du Brésil actuel : http://www.signalfire.org/?p=27570
favelaLes journaux, les magazines persistent à affirmer que le Brésil est la sixième économie mondiale, par exemple, mais la réalité dément ces analyses et parle d'elle-même.
Selon une étude réalisée par le Statistical Yearbook for Latin and Caribbean America en 2013, le taux de pauvreté en Amérique latine et dans la Caraïbe en 2012 était de 28,2% et l'indigence absolue de 11,3%. Au Brésil, 16,27 millions de personnes (8,5% de la population) vivent dans une extrême pauvreté tandis que 4,8 millions ont un revenu nominal mensuel égal à zéro ! Dans le même temps, l'OIT (Organisation internationale du Travail) a réalisé une projection du taux de chômage au Brésil, qui devrait rester au-dessus de la moyenne mondiale jusqu'en 2016. L'impérialisme, dans sa tentative de briser tous les obstacles à la maximisation de ses profits, attaque les nations et recherche la domination complète et l'anéantissement des forces qui combattent son système. Ce n'en est pas moins un système insoutenable, qui augmente chaque jour les actions violentes contre les classes populaires exploitées et opprimées, en particulier contre les masses en lutte et les révolutionnaires, sur tous les continents. Au Brésil, le système carcéral joue un rôle primordial dans la violence à grande échelle de l'État bourgeois et propriétaire foncier contre les pauvres en général.
Les prisons sont des camps de concentration surpeuplés, où les conditions de vie sont totalement inhumaines et beaucoup de prisonniers meurent sous les tortures et les violences policières quotidiennes. Il y a aujourd'hui plus de 560.000 prisonniers au Brésil, parmi lesquels des centaines de paysans emprisonnés pour leur lutte pour la terre, qui s'est considérablement développée dans le pays. L'État tente de dissimuler le caractère politique de leur lutte en les inculpant pour des délits de droit commun. Beaucoup de paysans ont tout simplement été traqués et abattus avant même d'être arrêtés. C'est le cas des paysans Gilson Goncalves, Elcio Machado, Luiz Lopez et Renato Nathan, parmi d'autres. Beaucoup de paysans ont des mandats d'arrêt sur leur tête. Depuis juin 2013, lorsqu'ont éclaté de gigantesques manifestations populaires à travers le pays, les forces de répression ont fait des centaines de prisonniers, des centaines de blessés et des dizaines de morts.
cebraspoPlus d'une centaine de travailleurs des médias ont été blessés par la police, en particulier des journalistes indépendants. Les classes dominantes, avec l'aide des monopoles réactionnaires de l'information, tentent désormais de criminaliser les luttes populaires et de légitimer le traitement inhumain des protestataires et des prisonniers politiques. Plusieurs avocats défendant les inculpés politiques ont été menacés de mort ou de prison, sous l'accusation de complicité avec ces "criminels". La juste révolte du Peuple brésilien se poursuit, si bien que de nouvelles mesures répressives ont été prises. Le gouvernement envoie maintenant l'armée dans les favelas de Rio.
Le plan consiste à étendre la répression contre le Peuple en déployant les Forces armées dans les rues des grandes villes brésiliennes, sous le prétexte de la Coupe du Monde qui doit commencer en juin. De nouvelles lois ont été promulguées comme la Loi anti-terroriste, la loi contre les troubles sur la voie publique, la Loi générale pour la Coupe du Monde et l'ordonnance du Ministère de la Défense pour assurer la Loi et l'Ordre. Toutes ces lois qualifient les mouvements sociaux de "forces d'opposition" et font tomber le masque de l'État démocratique et de droit brésilien, qui n'est rien de plus qu'un État policier. Dans le même temps, un terrible régime carcéral (comparable aux cellules de type F en Turquie) a été adopté, d'abord contre les chefs de gangs criminels, mais il devrait bientôt être étendu aux prisonniers politiques. Il s'agit du Régime disciplinaire différencié (RDD) : un isolement total du prisonnier, qui ne peut adresser la parole qu'aux gardiens et reste constamment observé par des caméras.
C'est déjà le cas d'un prisonnier politique étranger : Mauricio Norambuena, ancien dirigeant du Front patriotique Manuel Rodriguez (FPMR) chilien. Il a été arrêté au Brésil en 2002 après avoir été condamné à 30 ans de prison pour l'enlèvement politique d'un homme d'affaire brésilien. Norambuena a été brutalement torturé et continue à l'être aujourd'hui. Il est soumis au (RDD) depuis plus de 10 ans, ce qui contrevient aux normes minimales de traitement des prisonniers établies par le 1er congrès des Nations Unies sur la prévention de la criminalité et le traitement des prisonniers.
Pour abattre cet ordre oligarchique impitoyable, il est inévitable que se lève très bientôt le vent furieux de la Guerre du Peuple !
No vai ter Copa

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