jeudi 24 juin 2021

Être accusé de pédophilie et en tête au 1er tour des élections départementales, dans le 82, c’est possible.

 



Être pédop
hile et en tête au 1er tour des élections départementales, dans le 82, c’est possible. En Tarn-et-Garonne, Jean-Michel Baylet, celui qui m’a violée lorsque j’avais 12 ans, a recueilli plus de 53 % des suffrages au 1er tour des élections départementales dimanche dernier. Comment peut-on oser se présenter au suffrage des électeurs lorsque l’on est un pédophile ?

Malgré la plainte déposée contre lui, malgré les témoignages écrits, factuels, étayés, dans l’indifférence générale, dans le silence des partis politiques partenaires du sien, Jean-Michel Baylet arrive en tête et s’apprête à continuer à siéger au sien de la collectivité qui a la charge de la protection de l’enfance.

Honte à ceux qui continuent à voter pour lui, honte à ceux qui détournent le regard ou qui cherchent à se retrancher derrière le fait que cette affaire n’a pas été jugée. Elle ne le sera jamais et pour cause, les faits sont prescrits.

Jean-Michel Baylet crie à la calomnie mais il ment !

Ceux qui le soutiennent, d’une façon ou d’une autre, portent une part de responsabilité.
J’ai demandé l’autorisation à Mediapart de publier l’article paru ce jour.

Nathalie COLLIN
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Article publié le 22/06/2021 par Mediapart
VIOLENCES SEXUELLES -

Jean-Michel Baylet, ou l’indifférence

22 juin 2021 | Par Lénaïg Bredoux

L’ancien ministre de François Hollande est visé par une enquête préliminaire pour viol sur mineur de 15 ans. Il est favori pour l’emporter au second tour des élections départementales dans le Tarn-et-Garon
ne, qu’il rêve de présider à nouveau. Sans susciter d’émotion particulière.

Tout le monde s’en moque. À part, peut-être, pour une poignée de militantes féministes et d’infatigables artisans de la protection de l’enfance, l’indifférence règne. Dimanche 27 juin, l’ancien ministre Jean-Michel Baylet est candidat et favori pour le second tour des élections départementales en Tarn-et-Garonne. Il aspire même à reprendre la présidence d’un conseil qu’il a dirigé pendant trente ans, et qui chapeaute, entre autres, la protection de l’enfance.
Notable, patron de presse et cumulard, l’ancien ministre de François Mitterrand et de François Hollande est aussi visé par une enquête pour viol sur mineur de 15 ans – elle est toujours en cours. Mediapart avait révélé l’affaire en mars dernier : Baylet est accusé par Nathalie Collin, aujourd’hui âgée de 52 ans, de l’avoir « régulièrement violée » entre 1980 et 1984. « À ces occasions, j’étais seule avec lui. Il avait trente-cinq ans, il n’avait pas d’enfant. Moi je n’avais que douze ans, et j’étais une enfant », a-t-elle exposé aux policiers.

Baylet est présumé innocent et il nie catégoriquement ces accusations : dans le journal qui lui appartient, La Dépêche du Midi, il indique qu’il « conteste solennellement et avec la plus grande fermeté les faits odieux que l’on [lui] prête ». « Je n’aurais jamais cru que l’on puisse à ce point calomnier », dit-il encore, affirmant qu’il s’agit là d’un complot politique.
Nathalie Collin est en effet la fille d’un ancien proche de Baylet, Yvon Collin, devenu un de ses ennemis les plus virulents. « À travers elle, cet homme veut me détruire, et l’entreprise de destruction commence par tenter de compromettre ma participation aux prochaines échéances électorales », disait Baylet en mars, toujours dans son propre journal (il n’avait en revanche jamais donné suite aux demand
es d’entretien de Mediapart).

Candidat et patron de journal

Et depuis, plus rien : la presse n’en parle pas, ou presque. Un rapide coup d’œil à la couverture de la campagne départementale suffit à s’en convaincre. Ici, La Dépêche, premier quotidien régional du coin, écrit des panégyriques à propos de son patron – qui salue, « avec fougue », les « valeurs de la République, chevillées au cœur du radical de gauche de toujours ». En réunion publique, Baylet, fait allusion – toujours selon le journal – « aux pires horreurs et calomnies que [ses] adversaires distillent ».

Là, le même journal salue le « bilan » du conseiller départemental sortant, sa « présence jamais démentie durant ces dernières années ». Il « s’avanc[e] au premier tour avec la sérénité des acteurs qui ont fait le job ». La Gazette des communes évoque « le phénix radical Jean-Michel Baylet » qui « poursuit son opération-résurrection ». Il « joue son retour », dit France 3.

Les responsables politiques quant à eux affichent une mine au mieux gênée, au pire moqueuse pour la victime. Certains, par conviction ou par paresse, relaient la thèse du complot politique. Jean-Michel Baylet n’a vu aucun de ses alliés de gauche s’écarter de lui – déjà sous Hollande, ils s'étaient accommodés du bruit des casseroles. Le PS du Tarn-et-Garonne est resté muet. Et s’apprête à faire alliance au troisième tour quand il s’agira d’élire le président du département. Et donc le patron de l’Aide sociale à l’enfance.
Interrogée par Mediapart, la présidente du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Valérie Rabault, candidate aux départementales dans le Tarn-et-Garonne, n’a pas donné suite.
Des questions nouvelles

Les électeurs et les électrices semblent aussi s’en moquer : dimanche 20 juin, lors du premier tour, Baylet, pourtant déjà mis en cause pour son comportement avec une attachée parlementaire, et sa binôme Christiane Le Corre ont recueilli 53,77 % des suffrages, loin devant leurs adversaires de droite – ils doivent passer par un second tour uniquement en raison du faible nombre d’électeurs (près de 60 % d'abstention dans le département).
La plaignante, Nathalie Collin, s’est pourtant emparée des réseaux sociaux, le 17 juin sur Twitter et Facebook. « Il n’est pas possible de laisser les clés du département, la collectivité qui a la charge de la protection de l’enfance » à un homme mis en cause pour de tels faits, écrit-elle, en colère. Elle ajoute : « Si la prescription existe pour les viols commis sur mineurs de moins de 15 ans, il ne devrait pas être permis, dans un pareil cas, de se présenter au suffrage des électeurs. La décence aurait dû imposer à Monsieur Baylet de se mettre en retrait. Il a choisi une autre option. »

Elle a interpellé des élus du département, notamment socialistes. En vain.

Bien sûr, les débats autour des violences sexistes et sexuelles, sur majeur·e·s comme sur mineur·e·s, posent des questions nouvelles auxquelles il n’est pas toujours aisé de répondre. Que faire des révélations qui visent des personnalités ou des élu·e·s ? Quelle temporalité adopter entre celle des enquêtes de presse, celle des témoignages de victimes ou celle de la justice ? Comment conjuguer la présomption d’innocence et le respect dû aux plaignant·e·s ? Quelles sanctions les partis politiques, les entreprises, les syndicats doivent-ils prendre ? Quelles mesures de précaution, quelles procédures internes ?

Partout, des collectifs tâtonnent, apprennent, se forment, s’organisent. Des femmes, et des hommes, se questionnent, réfléchissent, se remettent parfois en question. Et tentent d’inventer de nouvelles manières de faire, d’être ensemble, d’écouter.

D’autres ne veulent rien entendre, renvoyant les accusations de délits ou crimes à une supposée « cancel culture », au « woke », sans même définir ces mots venus d’un monde anglo-saxon perçu comme moralisateur, conservateur ou réactionnaire… En réalité, ils ne veulent rien changer.

Il a fallu des scandales, de DSK à Baupin, et passer par un mouvement mondial de libération de la parole pour que le monde politique y fasse – un peu – attention. Mais dès qu’il peut, il tourne la tête. Déjà lassé de devoir se prononcer sur des sujets qu’il a toujours jugé périphériques. Et comme s’il tenait d’abord à faire corps.

Le gouvernement donne l’exemple, avec un ministre de l’intérieur visé par une enquête préliminaire pour viol. Et que dire d’un parti politique, LREM, qui soutient plusieurs de ses élus mis en cause ou condamnés pour des violences sexuelles ? De l’Assemblée nationale qui a été incapable de lever l’immunité parlementaire du député Benoît Simian, dont l’épouse bénéficie d’une protection ? Ou du Rassemblement national (RN) qui a présenté, dans les Ardennes, un candidat condamné pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans ?
Après une fuite dans la presse, l’investiture lui a ensuite été retirée.

 Mais dimanche 20 juin, Éric Dureux s’est qualifié pour le second tour des élections départementales en recueillant, avec sa binôme d’extrême droite, 24,24 % des voix (soit 513 suffrages). Aux municipales, Georges Tron (LR) avait quant à lui été réélu maire de Draveil (Essonne) – il a finalement démissionné après sa condamnation pour viol et agressions sexuelles – et Tristan Duval l’avait emporté à Cabourg (Calvados) malgré une condamnation pour violences conjugales.

À la manière des affaires de corruption qui, longtemps, n’ont pas découragé les électeurs et les électrices de reconduire des élus condamnés ou mis en cause (les travaux de Pierre Lascoumes sur cette spécialité française l’ont démontré).

« Ce qui me met en colère, c’est que l’échelon départemental est le plus important, voire le seul traitant de la protection de l’enfance, s’indigne Lyes Louffok, militant des droits de l'enfant et auteur de Dans l’enfer des foyers (Flammarion, 2014). Or quand les partis politiques investissent des candidats à des départementales, ils ne font pas forcément attention à leur passif judiciaire, ou même à leur probité. » Membre du Conseil national de la protection de l'enfance (CNPE), il estime que « le principe de précaution doit prévaloir ». « Il nous faut des élus irréprochables en matière de protection de l’enfance », insiste-t-il. Mais qui s’en soucie ?


Sources: Nathalie Collin / Mediapart


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