vendredi 17 janvier 2020

Un ex-officier du SBU révèle que la tragédie MH-17 a été orchestrée par Porochenko et les services secrets britanniques


Le tout récent documentaire sur le MH17, « MH-17, recherche de la vérité », réalisé par Vasily Prozorov, le lanceur d’alerte du SBU ukrainien, évoque des vérités qui dérangent quant à la tragédie, et étaye fortement l’idée selon laquelle le Royaume-Uni aurait conspiré avec Kiev pour faire tomber cet avion civil, dans le cadre d’un complot de guerre hybride, établi à l’avance, contre les rebelles du Donbass. L’opération aurait également visé à compromettre la Russie, du fait de son statut de principale rivale géopolitique de l’Occident.

Vasily Prozorov, lieutenant-colonel du SBU [les services de sécurité en Ukraine, NdT] et lanceur d’alerte, a publié un documentaire sur la tragédie du MH17 fin décembre 2019, sous le titre « MH-17 : recherche de la vérité« , qui, comme son nom l’implique, évoque des vérités dérangeantes sur les événements de ce funeste jour d’été du 17 juillet 2014. Son travail d’enquête s’appuie sur ses propres connaissances des événements entourant cette affaire (y compris au travers de son réseau de connaissances de l’époque), des documents classifiés, ainsi qu’un raisonnement logique ; l’ensemble étaye fortement l’idée selon laquelle le Royaume-Uni aurait conspiré avec Kiev pour abattre l’avion civil, dans le cadre d’un complot de guerre hybride prévu d’avance contre les rebelles du Dombas. 

Le documentaire, qui dure presque 40 minutes, mérite d’être vu en entier, mais pour qui ne serait pas en mesure de le visionner pour l’instant et désire tout de même en apprendre plus sur cette opération, la suite du présent article résume brièvement quelques-uns des éléments les plus importants soulevés par ce documentaire.

Prozorov attire l’attention du spectateur sur le procédé ayant consisté à partager sur les médias sociaux, dans les heures à peine qui suivirent la mise à bas de l’avion, des enregistrements supposément fuités de dirigeants rebelles dont les propos les impliqueraient prétendument. La loi ukrainienne définit des dispositions très strictes quant aux processus de déclassification de preuves en provenance d’écoutes téléphoniques ; s’ils avaient été honorés avant de publier cet enregistrement, il aurait fallu une durée d’au moins plusieurs jours pour suivre ces processus. 

Cela suggère que les enregistrements ont pu être contrefaits à l’avance par les services du SBU, sur la base d’échantillons de voix récupérés antérieurement de la part des suspects supposés. L’objectif ce faisant aurait pu être de prendre immédiatement le contrôle du récit narratif, dans l’objectif de guerre hybride de délégitimer la cause des rebelles du Dombas et de les étiqueter comme « terroristes » ; l’objectif pouvait également être d’éviter une possible intervention militaire russe en soutien à ces rebelles, chose qui était largement discutée comme possible par les observateurs à l’époque ; on reviendra sur ce dernier point un peu plus bas.

Le second point sur lequel s’attarde Prozorov est le suivant : les affirmations de Kiev, selon qui son armée n’était pas localisée dans cette zone de combats au moment des faits, ne sont pas crédibles. Prozorov établit le fait que les lignes de bataille étaient en fait très fluides. On dispose non seulement de témoignages oculaires directs sur ce point, mais aussi des empreintes laissées par des engins mécanisés au sol, dans les sens aller et retour, partout sur cette zone, ainsi que des déchets d’emballage de rations alimentaires, qui établissent la présence des forces armées et de leurs alliés sur zone.

 Ce point est d’une grande importance, car la défense de Kiev repose en partie sur son insistance à affirmer que même si les BUKs sous son contrôle étaient déployés à proximité des lignes de front (nous y reviendrons également ci-après), ils n’étaient pas déployés à une distance permettant d’abattre le vol MH17. Mais Prozorov apporte la preuve du contraire : les forces armées ukrainiennes étaient tout à fait libres de se déplacer sur la zone, et auraient parfaitement pu se trouver à distance de tir de l’aéronef au moment de la tragédie.

Autre information des plus intéressantes livrée par le documentaire de Prozorov, sa participation en date du 8 juillet 2014 à une conférence du Conseil National ukrainien de Défense et de Sécurité [National Security and Defense Council of Ukraine, NdT], dont l’objet principal fut de réaliser des amendements au dispositif législatif « anti-terroriste » de ce pays. Prozorov se rappelle nettement avoir surpris une conversation tenue entre Mikhail Koval, un colonel général ukrainien, assistant secrétaire au Conseil National de Sécurité et de Défense et un représentant du ministre de la Défense dont le nom n’est pas connu, au moment où la conférence se clôturait. Prozorov se souvient avoir entendu le représentant faire part de ses craintes (qui étaient assez répandues à l’époque) que la Russie ne préparât une intervention militaire en soutien aux rebelles du Donbass, et craignait que cela ne pût écraser l’armée de Kiev dans la région.

 Mais Koval rassura son interlocuteur en lui expliquant avoir eu vent qu’un événement allait bientôt se produire, qui enrayerait fortement le projet supposé de la Russie. Neuf jours plus tard, le vol MH17 fut abattu.

En réponse à la question évidente qui consiste à comprendre le déroulement exact de l’opération, Prozorov commence par expliquer que l’espace aérien du Donbass n’avait pas été fermé par la force par Kiev, contrairement à ce qu’on pourrait normalement attendre d’un État responsable. 

Ce flottement ouvrit de vastes opportunités pour que les organisateurs puissent préparer leur provocation, les avions civils internationaux continuant de circuler au-dessus de la région en conflit, chose fort pratique. Prozorov indique également comment une station de radio-localisation fut mystérieusement désactivée un mois avant que le MH17 fut abattu, chose qui facilita la réalisation du complot. 

Il ajoute que cette station aurait pu localiser les coordonnées d’où le missile BUK fut lancé, et se demande pourquoi les médias ukrainiens ne firent pas le tintamarre pour accuser les rebelles de cette désactivation. La réponse qu’il apporte est que le troisième régiment des Forces d’Opérations Spéciales ukrainiennes fut responsable de ce sabotage, ce qui suggère que les experts en sabotage menèrent cette opération pour couvrir les actions à venir fomentées par Kiev.

Autre fait significatif discuté dans le documentaire de Prozorov, les États-Unis d’Amérique ne publièrent pas immédiatement les preuves d’images satellites qu’ils affirmèrent pourtant détenir dès le jour de la tragédie. Il estime que ce délai laissa aux auteurs le temps nécessaire à finaliser leurs « faits alternatifs », au lendemain immédiat de l’événement, évitant ainsi de tout gâcher par accident. Il pose également une question : pourquoi l’équipe d’enquête conjointe [Joint Investigative Team (JIT), NdT] n’accepta-t-elle pas les preuves qui furent rapidement apportées depuis la zone du crash par la République Populaire de Donetsk ?

 Et pourquoi les enquêteurs hollandais mirent-ils des mois avant de s’intéresser réellement à l’épave? Ces observations étranges apportent du crédit à l’affirmation que nombre de personnes en charge de mener l’enquête sur l’incident ne se comportèrent pas de manière impartiale, et s’employèrent au lieu de cela à étayer une narration établie à l’avance. Il est également troublant que les autorités malaisiennes se soient vues marginalisées au départ, du fait de l’équipe d’enquête dirigée par les services de renseignements.

Prozorov dévoile également des informations très importantes quant au rôle que tint le 156ème régiment anti-aérien des forces armées ukrainiennes dans la chute de l’avion MH17. Il a pu parler à deux anciens conscrits, ayant fait leur service dans cette unité à l’époque, mais ayant par la suite déserté pour passer dans le camp rebelle. Ils lui ont expliqué que leur unité comptait un BUK parmi ses systèmes d’armements, et comment cette unité fut déployée sur les lignes de front du Donbass avant de se voir mystérieusement retirée du combat, en dépit de la crainte répandue cet été-là que les Russes fussent sur le point d’intervenir militairement dans le conflit.

 Des officiers et des soldats sous contrat accompagnèrent alors le BUK vers un soi-disant « site d’entraînement », cependant que les conscrits eurent pour ordre de rester sur leur base. Les conscrits apprirent rétrospectivement que leurs collègues physiquement présents avec le BUK s’étaient en réalité vus déployés sur la zone de combat et avaient tiré au moins un missile au moment précis où le vol MH17 fut abattu.

Prozorov avance également dans ce documentaire des éléments très troublants sur une implication britannique suspecte dans le scénario. Il s’appuie sur un document, qui prouve que le Major Général Valery Kondratyuk, chef du département de contre-renseignements ukrainien, accompagna deux agents des services secrets britanniques, ainsi que d’autres personnes, sur la zone d’opérations du Donbass, le 22 juin 2014, pour une visite d’une journée, après laquelle l’ensemble des représentants du SBU partirent, à l’exception du lieutenant colonel Vasily Burba, qui resta en compagnie des « invités » britanniques de Kiev.

 Il se trouve que Prozorov connaît Burba, ce dernier l’ayant remplacé, ainsi que ses collègues, plus tôt le même mois, et il affirme que Burba trempa dans la machination du MH17 ainsi que les agents étrangers. Après l’incident, les carrières respectives de Kondratyuk et de Burba connurent « par coïncidence » un succès fulgurant, le premier prenant la tête de la Direction Générale des Renseignements, avant de s’y voir remplacer par le second, et de devenir assistant du chef de cabinet du président.

Deux autres preuves impliquent également les Britanniques. La première est que Peter Kalver, l’agent des renseignements australien chargé de mener le groupe d’experts de son pays pour l’enquête au Donbass fit usage d’un numéro de téléphone britannique. Ce serait là déjà chose étrange en soi de la part d’un Australien travaillant en Ukraine, mais combiné à ce qui a été révélé ci-avant, cela suggère que l’implication des services secrets britanniques est plus étendue que suspectée initialement ; cela soulève des questions quant à savoir combien d’autres personnalités d’« enquêteurs »moins exposées auraient également pu travailler en lien avec le Royaume-Uni. 

Comme seconde preuve, Prozorov avance que le « site internet de journalisme d’investigation »Bellingcat (financé notamment par l’Open Society Foundation [George Soros, NdT] et la National Endowment For Democracy – NED fut fondé quelques jours avant l’incident, et devint soudainement la première source d’accusation contre Moscou ; il y a de quoi s’interroger sur son rôle sur le front de la guerre de l’information menée par les services de renseignements.

Pour conclure, Prozorov revient sur les principaux points, à savoir que la chute du MH17 constitua une machination soigneusement préparée d’avance, par les agences de sécurité ukrainienne et britannique, afin de braquer les projecteurs de cette attaque sous faux drapeau sur les rebelles du Donbass, dans l’objectif de les faire apparaître comme des « terroristes » et donc d’empêcher politiquement une intervention militaire russe en soutien, chose qui était largement soupçonnée d’être en préparation à l’été 2014.

 Apparaît également l’intention de fond de s’en prendre à la Russie du fait de son rôle de rivale géopolitique principale de l’Occident. Il va falloir conserver ces éléments à l’esprit, les procédures judiciaires du JIT étant prévues pour démarrer au mois de mars 2020 ; le dramatique événement va bientôt revenir sous les projecteurs internationaux, et ses auteurs feront leur possible pour s’absoudre en convaincant le monde de la culpabilité d’innocents. Le documentaire de Prozorov est extrêmement instructif, et mérite d’être vu.

Andrew Korybko


Sous-titres (perfectibles) disponibles en français


Source: Mondialisation

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