Secret d'état: Quand la CIA se faisait épingler pour trafic de cocaïne
Presque 20 ans après l’humiliation d’un journaliste américain qui avait fait le lien entre la CIA et le trafic de drogue qui a financé les Contras au Nicaragua, des acteurs clés de ce scandale – qui a amené au suicide du journaliste – refont surface pour corroborer ses déclarations.
En 1996, Gary Webb, du San Jose Mercury News, avait ouvert la brèche en affirmant non seulement que les Contras du Nicaragua, soutenus par les États-Unis dans leur rébellion contre le gouvernement de gauche, étaient impliqués dans l’épidémie de cocaïne des États-Unis dans les années 80, mais qu’en plus, la CIA était parfaitement au courant de ces opérations et a tout bonnement fermé les yeux.
Par conséquent, selon Webb, la CIA était complice du trafic de drogue qui a ravagé les communautés afro-américaines de Los Angeles.
Ces révélations explosives ont fait scandale à travers le pays, mais lorsque des « journaux » tels que le Los Angeles Times, le New York Times et le Washington Post ont pesé de tout leur poids dans la balance, ils ont lynché Webb et ont attaqué son travail à tel point qu’il a été désavoué par le Mercury News. Webb a été exclu du monde journalistique et s’est finalement suicidé en 2004.
Cependant, cette vieille affaire est à nouveau examinée sous un regard neuf, notamment au travers de deux films : Kill the Messenger, et un documentaire intitulé Freeway: Crack in the System. Par ailleurs, plusieurs acteurs-clés impliqués dans ces opérations sont récemment sortis du silence, venant ainsi corroborer le travail de journalisme authentique de Webb.
Coral Baca, qui entretenait une relation étroite avec le célèbre trafiquant de drogue Rafael Cornejo, a confié auHuffington Post qu’elle se souvient de nombreuses occasions au cours desquelles elle a rencontré le leader des Contras, Adolfo Calero, près de San Francisco. Durant ces rencontres, elle affirme que Calero portait des sacs remplis d’argent, et il savait parfaitement que cet argent provenait du trafic de drogue.
« Sauf s’il était stupide ou s’il avait subi une lobotomie, il savait exactement ce que c’était ; il s’en foutait. Il était là pour financer les Contras, point barre », affirme-telle.
Si cela était avéré, cette information contredirait les nombreux reportages effectués par les médias nationaux à l’époque, qui ont mis en doute la somme d’argent destinée aux Contras, voire le fait-même que les Contras savaient que cet argent provenait de la vente de cocaïne.
Entre temps, l’importateur de drogue nicaraguayen Danilo Blandon a récemment confirmé à Marc Levin, réalisateur de documentaires, qu’il a été impliqué dans le trafic de drogue, et qu’il a soutenu les Contras. En 1996, le tribunal a demandé à Blandon s’il dirigeait le business de la drogue à Los Angeles, ce qu’il a confirmé. Par ailleurs, il avait également affirmé que l’entièreté des profits visait précisément les Contras.
Bien qu’un mandat d’arrêt du comté de Los Angeles en 1986 mentionnait l’allégation selon laquelle Blandon « filtrait »l’argent de la drogue et l’envoyait aux Contras, les autres journaux ont désavoué Webb et ses allégations selon lesquelles les opérations de trafic de drogue des Contras influaient directement sur l’augmentation de l’usage de crackaux États-Unis – entre autre parce que, selon eux, Blandon s’était séparé du groupe et dirigeait son propre business de la drogue.
Toutefois, l’an dernier, Jesse Katz, ancien journaliste du L.A. Times, a demandé pardon pour avoir attaqué le travail de journalisme réalisé par Webb, ainsi que sa réputation.
« En tant que journalistes du L.A. Times, nous avons vu cette série d’infos publiées sur le San José Mercury News, et nous nous sommes demandé si c’était vraiment crédible. Puis nous l’avons en quelque sorte passé au microscope », affirme Katz, selon le L.A. Weekly.
Et nous l’avons fait d’une manière telle que la plupart d’entre nous, les journalistes impliqués dans ce traitement, selon moi, trouvons aujourd’hui que nous avons vraiment procédé à un lynchage injustifié. Nous disposions d’une équipe de grande envergure auL.A. Times, et nous nous sommes tous jetés sur ce déterreur de scandales du nord de Californie. Nous n’avons rien fait de concret pour creuser davantage son travail, ni mettre en lumière cette histoire, et c’était un traitement véritablement indigne de notre profession… Ça a foutu en l’air la carrière de ce journaliste.e d’antisémites ! »
Webb a été critiqué pour avoir soi-disant suggéré que la CIA avait intentionnellement dévasté les communautés afro-américaines avec la cocaïne. L’intéressé s’en défend et affirme que ce n’est pas le cas.
Il ne s’agit pas d’une situation où le gouvernement ou la CIA s’assied à une table et dit : « OK, on va produire de la cocaïne et la vendre aux quartiers noirs, on va décimer l’Amérique noire » [...] C’était plutôt : « On a besoin de fric pour une opération sous couverture, et la façon la plus rapide pour l’obtenir, c’est de vendre de la cocaïne. Vous, vous vous occupez de la vendre quelque part. Faites ce que vous avez à faire, ça nous est égal ».
Suite à ce scandale, en 1998, la CIA a publié en toute quiétude le rapport d’un inspecteur général interne concernant cette affaire, rapport qui, bien avant sa sortie, était considéré comme mensonger et destiné à laver la réputation de l’agence de renseignement. Au lieu de cela, il semble que ce rapport ait ajouté de la crédibilité aux accusations, puisqu’il certifie que « la CIA est au courant des allégations ou des informations indiquant que des organisations ou des individus ont été impliqués dans un trafic de drogue, et cela n’a pas dissuadé la CIA d’interagir avec ces organisations ou individus » [...] « La CIA n’a pas cherché à vérifier les allégations ou informations concernant un trafic de drogue, même lorsqu’elle en a eu l’occasion ».
« Aucune information n’a pu être trouvée concernant un quelconque avertissement de la CIA au Congrès à propos de 8 des 10 individus liés aux Contras qui ont fourni à la CIA ces allégations ou informations sur un trafic de drogue », ajoute le rapport.
Dans une récente publication parue sur Democracy Now, une transcription du documentaire Shadows of Liberty révèle que, selon le journaliste d’investigation Robert Parry, ce reportage est encore plus compromettant pour la CIA que la version originale.
« Le contenu des rapports, si vous en examinez les parties les plus fondamentales », raconte-t-il, « montre qu’il y avait un réel problème, que le gouvernement américain était au courant, que les Contras étaient bien plus impliqués dans le trafic de drogue, et que la CIA est encore plus coupable de négligence que ce que Gary Webb suggérait ».
La CIA et le trafic international d'héroïne:
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1 commentaire:
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novembre
(62)
Il est notable que la CIA est dans tous les coups merdiques qu'il y a sur cette terre. Aux ordres du Président, mais aussi tout à fait capable de "dézinguer" ledit Président si ce qu'il fait ne sied pas à la CIA.......
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