vendredi 27 novembre 2020

Dans les hôpitaux de l’AP-HP, les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques sont en hausse de 50 % depuis août

 


Dans les hôpitaux de l’AP-HP, les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques sont en hausse de 50 % depuis août. Dans le nord-est de Paris, on constate un doublement des tentatives de suicide chez les mineurs de moins de 15 ans par rapport à l’année dernière.

En ce lundi de novembre, il y a affluence à la consultation d’orientation psychiatrique de l’hôpital pour enfants Robert-Debré, situé dans le nord-est de Paris, l’un des plus gros d’Ile-de-France. Marco (les prénoms ont été changés), 15 ans, qui souffre de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), a très mal vécu le premier confinement. Il s’est mis à jouer aux jeux vidéo, a décalé son sommeil. L’idée d’un nouveau confinement, de ne plus pouvoir aller au skate park, de ne plus voir ses amis, l’a paniqué. Il n’est pas retourné au lycée après les vacances de la Toussaint, et a été hospitalisé en raison d’idées suicidaires.

Ce même jour, à quelques couloirs de là, aux urgences pédiatriques, un garçon de 14 ans attend de voir un pédopsychiatre. Il s’est jeté sur les rails d’un train qui, heureusement, est passé de l’autre côté. Quelques jours auparavant, il avait fui l’école et erré, en Ile-de-France.

Depuis la rentrée de septembre, un enfant de moins de 15 ans arrive ainsi presque chaque jour aux urgences de Robert-Debré pour une tentative de suicide, contre environ un tous les trois jours un an avant. Selon un tableau de bord de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) du 19 novembre recensant l’activité hors-Covid des 39 hôpitaux – majoritairement franciliens – du groupe, les hospitalisations en pédiatrie pour raisons psychiatriques ne cessent d’augmenter depuis août. Elles se situaient fin octobre à 3 600, contre 2 400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %.

Crise économique, attentats, incertitude sur l’avenir, scolarité perturbée, etc., les enfants et adolescents sont en première ligne de cette deuxième vague. Le professeur Richard Delorme, qui dirige le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de Robert-Debré, a adressé un message d’alerte à l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France et aux autorités sanitaires. Les tentatives de suicide (TS) chez les mineurs de moins de 15 ans enregistrées dans son établissement en septembre-octobre ont doublé par rapport à la même période de 2019, passant de 20 à 40. Les relevés d’idées suicidaires ont augmenté de plus de 100 %. Et cette tendance se poursuit en novembre.

Ces situations complexes surviennent alors que son service est déjà en tension. Le nombre d’urgences pour motif pédopsychiatrique a doublé en dix ans, à environ 2 000 par an. « Depuis début septembre, à chaque fois que je suis appelée aux urgences, c’est pour l’explosion des TS et idées suicidaires, des troubles anxieux », constate le docteur Alicia Cohen-Freoua, de garde ce lundi. « La vague, nous la voyons depuis la rentrée. Nous gérons des situations de crise, avec des enfants à hospitaliser, et pour qui il faut organiser un suivi, nous manquons de lits », constatent Marion Priam et Cathy Gaudin, infirmières.

A l’instar d’autres établissements, ce service de 207 personnes, dont 140 temps plein, souffre d’un manque chronique de personnels, surtout d’infirmiers, et cela depuis plusieurs années, même s’il y a peu d’absentéisme. Une cinquantaine de patients y sont hospitalisés et le nombre de consultations devrait frôler les 10 000 cette année. Les délais pour obtenir un rendez-vous peuvent aller jusqu’à un an.

Inquiet des chiffres de tentatives de suicide, Richard Delorme a voulu en savoir plus. L’équipe s’est plongée dans les registres des urgences. En 2013, il y avait eu 8 TS entre septembre et octobre. Il déplore le manque de données à l’échelon national, alors que plusieurs études menées en Chine, à Taïwan ou en Europe rapportent une augmentation des idées suicidaires et des tentatives de suicide chez l’enfant depuis la pandémie. Aux Etats-Unis, la proportion de visites aux urgences liées à la santé mentale des enfants âgés de 5 à 11 ans et de 12 à 17 ans a augmenté respectivement d’environ 24 % et 31 %, selon des données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), l’autorité sanitaire fédérale, publiées vendredi 13 novembre.

Richard Delorme est conscient que ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, au regard de la situation géographique de l’hôpital et de la période, plus propice aux dépressions saisonnières. « Notre hôpital se situe à proximité des arrondissements et zones les plus touchés par le Covid, plus précaires », constate-t-il. Il a pris son téléphone, a interpellé ses collègues. Nombre d’entre eux partagent cette inquiétude - même si la situation varie d’une région ou d’un établissement à l’autre.

Dans la cour du service d’hospitalisation, Sandra, 14 ans, déambule avec son éducatrice, en mâchant les lanières de son sweat-shirt. Elle est arrivée ici trois jours plus tôt pour une TS et des troubles anxieux importants liés au confinement. Trois autres enfants sont là en hôpital de jour afin de réévaluer la prise en charge ou le diagnostic."

[...]

"Un peu plus loin, l’unité des troubles du comportement alimentaire (TCA), qui accueille des enfants de 7 à 12 ans, avec neuf lits d’hospitalisation, fait face à une augmentation des demandes depuis ce printemps, alors que la situation est déjà habituellement tendue. « Depuis mai-juin, nous avons l’impression que nous avons plus d’enfants avec des TCA restrictifs sévères », explique le docteur Coline Stordeur, chef du pôle des TCA, qui voit aussi, en plus de l’anorexie mentale, davantage d’autres troubles tels que l’émétophobie (phobie des vomissements), et de plus en plus d’enfants très anxieux, avec un trouble obsessionnel compulsif (peur d’attraper le Covid-19 et d’autres maladies) et avec une restriction majeure de l’alimentation.

Une enfant de 10 ans a par exemple rapporté qu’« un voisin est mort du Covid ». « J’ai peur d’être à la rue », a fait valoir un garçon de 9 ans, dont l’un des deux parents venait de perdre son emploi. Pour beaucoup, les capacités d’adaptation au stress sont dépassées, la courbe de poids s’est effondrée au printemps. Un patient de 10 ans a commencé à se restreindre en mars, il a perdu 11 kg. Agée de 10 ans et demi, Malika a été admise quatre jours plus tôt, après un séjour dans un service de pédiatrie générale en Ile-de-France. Déshydratée, elle pèse 22 kg pour 1,40 m, contre 33 kg il y a six mois. « Il faut donner plus de moyens à l’hôpital, ce n’est pas normal d’attendre une place trois semaines », dit sa mère, en consultation en visioconférence avec le docteur Anaël Ayrolles.

Autre conséquence des deux confinements : une aggravation des comportements addictifs liés aux jeux vidéo, mais aussi à tous types d’écrans. « Cela a un impact majeur sur les relations familiales, la scolarité, le sommeil », indique le docteur Benjamin Pitrat. L’addiction aux écrans, qui représentait 10 % de ses consultations il y a sept ans, en représente 90 % aujourd’hui. Dans certains cas, « lorsque les parents arrêtent l’écran, cela amène l’enfant à des crises qui peuvent être impressionnantes : insultes, portes brisées à coups de pied, menaces de suicide… », dit-il"

[...]

Source: Le Monde

3 commentaires:

  1. J'étais une semaine en observation dans un truc dans le genre et je confirme la peur rend les gens fous de chez fous, limite les objets ont plus d'attention que les gens.

    Steve Grant - Dr. Death
    https://www.youtube.com/watch?v=ksqe-C7Rehc

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    Réponses
    1. Alais Clay - Deadly Rain [Official Video]
      https://www.youtube.com/watch?v=YNpR4TjVPtc

      Bonus : https://soundcloud.com/alaisclay/sets/wake-em-up-ep-2010

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    2. Second-bonus (2020) :

      FR33SOL x Illuminati Congo "They Liv3/Burn D3m"
      https://www.youtube.com/watch?v=YI7vGBjr3k8

      Supprimer



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